Wa signifie «japonais», et shi «papier». Washi désigne le papier que des artisans fabriquent dans plusieurs régions du Japon à partir de fibres végétales. Depuis environ mille trois cents ans, on utilise pour cela non pas le riz, comme certains le pensent, mais des arbustes de trois espèces (kozo, gampi, mitsumata), plus précisément les parties claires internes de leurs écorces qui contiennent des fibres plus longues et plus résistantes que le bois ou le coton.
Lors de la fabrication du papier-chiffon occidental, pour éviter que les feuilles humides empilées ne se collent entre elles, il est indispensable de placer des feutres intercalaires. Pour la fabrication du washi, cela est inutile grâce à l'ajout du suc d'une quatrième plante, le tororo-aoi, qui assure dans la pulpe le maintien des fibres en suspension et augmente la cohésion de chaque feuille puisée.
A l’issu d’un long processus de coupage, nettoyage, battage, trempage, lavage, mixage, chauffage, puisage, empilage, pressage et séchage, ce dernier souvent sur des planches de bois en plein air - imaginez, dans le paysage campagnard, de jolis alignements de bannières blanches -, l’artisan obtient, sans substance chimique, des feuilles de papier aux qualités exceptionnelles: légèreté, souplesse, solidité, résistance au vieillissement. Pour des surfaces plus lisses, le séchage se fait sur des plaques métalliques chauffées à la vapeur.
Le washi n‘est pas attaqué par des insectes. Certains documents sur support washi sont conservés depuis plus de mille ans. Bonne résistance également à la lumière - ce qui se conçoit aisément quand on pense aux shôji, les parois coulissantes translucides des maisons traditionnelles exposés aux rayons du soleil et qui ne jaunissent guère. D’autre part, le washi teinté conserve bien la couleur.
Il existe des histoires surprenantes autour du washi. On rapporte par exemple que de précieux documents washi ont été plongés dans des bassines d’eau pour les sauver d’un incendie. L’écriture à l’encre de Chine ne s’en trouva point altérée. Mouillé, le washi perd sa solidité, mais après séchage, il retrouve toutes ses qualités.
Ce magnifique matériau est fabriqué dans de nombreuses variétés. Il se prête à de multiples applications: Les shôji déjà mentionnés, et aussi l’aquarelle, la calligraphie, l’estampe, la teinture, le collage, le marouflage (kakemono, fusuma), l’emballage, des travaux de restauration, de reliure, de décoration, la fabrication de cerfs-volants, de lanternes et même de tissus et de vêtements.
Noriko Tawara utilise pour certaines de ses œuvres du washi blanc ou pigmenté, en collage-marouflage, parfois en combinaison avec d’autres techniques suivant ses desseins d’artiste. Comme support, elle choisit un contrecollé non acide occidental. A.G.